Dix règles d’or du bon choriste

  1. Chante le même chant que les autres.
  2. Prends ton temps pour tourner les pages.
  3. Arrête-toi à la fin de la première strophe et discute longuement pour savoir si l’on chante la deuxième ou la cinquième strophe. Le chef apprécie beaucoup.
  4. Si tu chantes une fausse note, jette un regard furieux vers ton voisin de droite ou de gauche.
  5. Si tous les autres se trompent sauf toi, suis ceux qui se trompent.
  6. Si un passage est difficile, ralentis ; s’il est facile, accélère. Tout s’arrangera à la fin (rendez-vous au point d’orgue).
  7. Si tu es perdu, arrête tout le monde et dis : « Il me semble qu’on a monté »
  8. Si, par ta faute, la chorale a dû s’arrêter, explique en détail pourquoi tu t’es trompé. Tout le monde sera très intéressé.
  9. Une fausse note chantée avec timidité est une fausse note. Une fausse note chantée avec autorité est une interprétation.
  10. Quand les autres ont fini de chanter, tu ne dois pas chanter les notes qui te restent sur la partition.
Merci à Odette pour sa collaboration

Un peu d’humour

Anthologie du portrait de choriste

Amis choristes, vous vous reconnaîtrez certainement à travers la redoutable caricature décrite par Jean BOUCHON né en 1955 à Lyon, personnage partagé entre la musique et la littérature et Directeur de l’Académie de Musique de Nice depuis 1984.

 

Le sans gêne

Il a l’air de souffrir quand c’est un autre qui chante. C’est pour cela qu’il se bouche toujours une oreille. Bruyant, il parle haut, interpelle le chef.. Chaque chorale a son sans-gêne, et elle doit faire avec…

Le paresseux

C’est un homme doux, un rêveur qui s’est fourvoyé dans une chorale et ne sait pas comment s’en sortir. Alors il reste. De pareils choristes ne sont pas dangereux. Ils donnent au public l’illusion du nombre.

Le touriste

On le voit de temps à autre débarquer dans la salle de répétition. On ne sait pas trop s’il fait vraiment partie de l’équipe. Il ignore quasiment tout du répertoire mais cet authentique figurant sera présent le jour du concert pour faire du play back et c’est lui qui s’inclinera le plus bas, pour saluer….

Le sportif

En répétition, campé sur ses pieds tel un haltérophile, il bombe bien le torse pour prendre sa respiration, se met en apnées avant d’attaquer les notes et devient tout rouge avant d’expulser le moindre son. Il chante de la gorge, tout en force : plus c’est fort, mieux c’est….

Le (rare) ténor

Heureuse la chorale qui possède des ténors. Qu’ils soient bons ou mauvais, les ténors sont des êtres très chers. Quoi qu’il en soit, devant la pénurie, baptise-t-on volontiers «ténor» un malheureux baryton qui souffre le martyr dans les aigus, mais qui ne se plaint pas, fier qu’il est d’être un objet précieux…

Celui qui s’ennuie

Consulte souvent sa montre. Il a toujours disséminé parmi ses partitions, quelque article intéressant à reluquer, quelque revue ou à défaut quelque chose à manger… Il bouge beaucoup sur place ou s’assoupit inopinément selon le cas. La plupart du temps il pense à autre chose, il observe les murs de la salle et il souffle beaucoup. Si c’est une dame, on peut la voir consulter ses messages sur son portable ou, entre deux soupirs, se limer les ongles…

Le donneur de conseils

A force de l’écouter, on finit par faire les mêmes erreurs que lui. C’est lui qui, généralement, offre généreusement son temps en faisant perdre le leur aux autres.

Le bavard

Il a mis au point une technique lui permettant de chanter et de parler en même temps…

Le distrait

Il est rarement à la bonne page… Son classeur est un fouillis indescriptible : les chants sont rangés dans n’importe quel ordre, on y trouve aussi bien la liste des commissions. Il rêve, oublie les départs et doit rattraper les autres en cours de route.

Le braillard

Il chante plus fort que tout le monde dès lors qu’il croit savoir sa partie. Il n’a qu’un seul credo : fortissimo. Il est moins grave qu’une épidémie, mais fait beaucoup plus de bruit…

Celui qui a passé l’âge

On l’a déjà éjecté de plusieurs chorales mais il insiste. Sa voix chevrote, il manque d’air… Ayant perdu une partie de son acuité auditive il avance au juger et improvise beaucoup.

La complexée

Le plus difficile est pour elle est… de chanter ! Aussi a-t-elle une toute petite voix. Elle n’attaque jamais franchement les notes, surtout dans la nuance forte ; elle redoute les couacs… Celle-là peut chanter faux à satiété sans que cela dérange quiconque. Avec son demi-décibel elle est inaudible.

Le consciencieux

Obsédé des annotations, celui-là note tout sur ses partitions. Il souligne, surligne, multiplie les ajouts, les couleurs, fait des renvois, des commentaires. Personne ne s’y retrouverait. Pas même lui.

Celui qui a de la voix

Pour obtenir une sonorité harmonieuse il est nécessaire d’homogénéiser le timbre des pupitres. Les voix les plus timbrées se voient sommées de rentrer dans le rang. Alors malheur à celui qui possède un bel organe. Celui qui a de la voix sera souvent prié… de se taire.

Le sensible

Un moindre pianissimo l’émeut, il aime la musique et souvent elle le bouleverse. Il a souvent la larme à l’œil.et au premier problème relationnel, il en perd le sommeil et fond de cinq kilos. Il souffre en silence mais la musique finit par le consoler de tous ses maux…

Le râleur

Il n’est jamais content, n’aime pas le programme, trouve que l’on apprend trop vite ou trop lentement, que le calendrier est trop chargé ou trop maigre.. De toute façon la tenue de concert est ridicule et il ne supporte pas la façon de travailler du chef… Il se demande ce qu’il fait là. Les autres se posent… la même question…

Celui qui rechigne à chanter en étranger

Il veut bien chanter n’importe quoi, mais surtout pas en étranger. Il a l’oreille musicale, mais pas la mémoire des sons. Sa prononciation est laborieuse, et maladroite. Il bute sur chaque mot. C’est une souffrance pour lui et pour ses voisins.

L’enseignant

Il commet parfois l’exploit de maîtriser les rudiments du solfège. De plus il est souvent ouvert aux attentes du chef. C’est un élément fort appréciable pour une chorale. Bien qu’ayant appris, à l’IUFM, à placer efficacement son larynx afin d’éviter l’extinction, lorsqu’il chante, l’enseignant a beaucoup de mal à retrouver les bonnes sensations. Celui-là qui ne peut s’impliquer sensuellement, le fait… pédagogiquement…

L’informaticien

Il rentre toutes ses partitions dans le programme de son ordinateur et les réécrit en plus gros. Car il travaille ses chants au bureau. Souvent il arrive à la répétition avec une autre version d’une œuvre, découverte par inadvertance sur internet. Il est alors tout fier d’exhiber sa trouvaille. Pour lui, la musique reste avant tout une discipline mathématique et le solfège un code binaire. Il ne communique d’ailleurs avec les autres choristes que par courrier électronique. Rien d’étonnant, alors, à ce que, parfois au beau milieu d’un chant, il bugue.

 

Et il y aurait encore le psychologue, le dragueur, l’étudiant fauché, le naïf, l’étourdi, celui qui a de l’ambition…le couple âgé, le juriste,

Tiens, le juriste

Il ramène tout aux statuts de l’association et à la loi. Il intervient lors des assemblées générales pour remettre les responsables sur les rails dès lors que ces derniers s’en écarteraient un tantinet. Avec lui on ne peut pas dévier. Il est la garantie morale et l’assurance juridique de la chorale.

Et, enfin, très rare, le choriste normal

Celui-là n’affiche pas de tare particulière, il ne jalouse pas ses congénères, est né équilibré, n’a pas l’esprit tordu mais aime simplement chanter.

Il n’a pas une voix extraordinaire, mais juste. Il possède quelques notions de solfège. Il a bon caractère, ne médit jamais. Il aime bien tous styles : classique, romantique, même la variété. Celui-là ne se fait pas remarquer, on l’oublierait presque, sinon aux concerts : car c’est lui qui assure le mieux. C’est le choriste idéal, le préféré du chef de chœur. Un cas… très rare.

 

Il y aurait encore l’inquiet, le cadre, l’agressif, le soliste et bien d’autres mais n’oublions pas :

Le bon président (ou la bonne présidente)

Un homme (ou une femme) qui connaît bien le fonctionnement de la chorale pour l’avoir pratiquée pendant de nombreuses années, il est expérimenté, compétent et respectable. Il a une bonne présentation. Les chevelus en jogging avec piercing à la narine ont peu de chance d’hériter de la fonction. Il sait écouter ses interlocuteurs, entendre leurs doléances, analyser les problèmes, définir les objectifs, planifier les actions et en fin de compte mener à bien ses projets personnels en ne tenant compte de l’avis de personne. Donc le président doit être entêté. Cependant un obstacle subsiste, le chef de chœur ! Et c’est bien là le drame du président car il doit savoir humblement s’effacer devant le maestro au moment de recueillir les fleurs du succès car, malgré ses responsabilités, le président ne tient pas la baguette ! Cependant le président saura se rattraper et briller en particulier quand il fera des discours.

 

Mais que serait une chorale sans ce fameux …

Chef de chœur

Le chef de chœur rayonne sur ses ouailles, se pavane parmi sa cour. Caractériel, il s’enflamme volontiers au moindre couac, devient tout rouge et pique des colères noires. Mais c’est pour le bien de la collectivité. Capricieux, il change souvent d’avis. Il est quelquefois bizarre mais c’est un artiste. Qu’il soit devenu chef par vocation, par un concours de circonstances ou par le plus grand des hasards, qu’il soit chanteur sur le déclin ou jeune prof de musique, qu’il soit bénévole ou rémunéré, il est avant tout un être travailleur, un utopiste ambitieux et surtout un homme extrêmement patient. Pour accomplir sa tâche il doit avoir un moral très solide. Parmi ses nombreuses responsabilités, nous citerons en vrac, le recrutement des choristes, le choix du répertoire, l’élaboration d’une saison équilibrée, l’organisation des répétitions, l’animation du groupe. Il doit être un bon communicateur. Bref un vrai chef de chœur est tout cela à la fois : sélectionneur, entraineur, soigneur, éducateur, psychologue, psychiatre… Et, en plus, il doit être MUSICIEN. Alors qu’on l’aime ou qu’on ne le supporte pas, qu’il soit respectueux ou insultant, sympa ou mal embouché, qu’il suggère la musique ou que l’on ne comprenne rien à sa battue, le chef est le chef, il faut lui obéir : un point c’est tout !

 

Propos recueillis par Sylvie MAURICE lors du Congrès de l’ASCA du 12 octobre 2008, et publiés avec son aimable autorisation.

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Scènes  de ménages…